Posted on
27 juillet 2018
Média : vers une mutation structurelle et opérationnelle essentielle
Un an d’enquête auprès d’une cinquantaine de rédactions comptant parmi les plus innovantes du monde : c’est le projet titanesque entrepris par les Danois Per Westergaard (rédacteur en chef et CEO de plusieurs titres de presse régionaux et nationaux) et Søren Schultz Jørgensen (journaliste pour plusieurs médias danois) (l’avantage de l’écrit sur l’oral en cas de prononciations difficiles…).
Après la publication de leur travail en danois, les auteurs proposent pour Nieman Lab un aperçu des résultats de leur recherche en anglais. Au programme : 9 pistes stratégiques engagées par les rédactions pour sortir de la crise structurelle des médias, retrouver le lien avec leur audience, et proposer un journalisme plus engageant.
Les médias traditionnels (même s’ils ne souhaitent pas toujours être dénommés ainsi) traversent une crise que nous pouvons qualifiée de structurelle car elle vise effectivement leur organisation, incompatible avec le contexte en mutation.
Ce contexte, quel est il? Gestion des médias par de grands groupes privés hors considérations uniquement journalistiques, discrédit des fondements du journalisme induit, ère de l’instantanéité et de l’événementialité de l’info, ère du tous acteurs de l’info (oui, toi aussi tu participes à informer en diffusant un tweet, une image, un commentaire, un avis, …), émergence de nouveaux influenceurs, défiance des discours officiels, délaissement des journaux papier au profit de l’info digitale …
Dans pareil contexte, la place laissée à l’investigation se réduit considérablement et le format du média est remis en question pour pérenniser l’activité.
Les pistes de conclusions de l’enquête menée sont les suivantes :
– affirmer une identité marquée, s’engager, revendiquer des valeurs du média ;
– traiter des sujets de niche pour s’adresser à des communautés ciblées ;
– « membership« ! : de la masse à la communauté cible, au « club », pour susciter davantage d’engagement et même de les convaincre de devenir membres, ambassadeurs… ;
– organiser des événements fédérateurs en lien avec les spécificités et centres d’intérêts du média (et de ses cibles 🙂 ;
– écouter toujours plus avant de retranscrire, créer des passerelles et moments de partage avec son audience ;
– co construire les sujets, co communiquer (pour appuyer une étymologie galvaudée) pour apporter toujours plus de crédit et regagner la confiance, puis susciter l’engagement de l’audience ;
– de l’observation à l’activisme, renouer avec la réalité du terrain et oser mettre en avant les valeurs qui les animent.
Sur ce dernier point, nous avons la chance en France d’avoir une pluralité de média, de média d’opinion. La recommandation de l’enquête visant à plus d’activisme de la part des journalistes ne doit pas se faire au dépend d’une indépendance entendue comme celle dédiée à une information professionnelle vs celle de « monsieur tout le monde ».
> Pour en savoir plus : https://www.meta-media.fr/2018/07/23/enquete-9-pistes-explorees-par-les-medias-pour-innover.html